Florence
Bencazar: En ce moment, vous vous trouvez en Suisse où vous produisez
le dernier disque de Catherine Ferry, ce dont vous êtes particulièrement
content ?.
Daniel Balavoine: Content, parce que cette fille est née pour chanter.
Après sa victoire à l'Eurovision, on l'a laissée tomber. Pendant 6 ans,
elle n'a pas travaillé. Alors, il fallait faire quelque chose. Il y a
deux ans, on a fait ensemble "Bonjour, Bonjour", qui s'est vendu à 250
000 exemplaires. Maintenant, ce nouveau disque, c'est avant tout pour
remercier ceux qui nous ont fait confiance, qui ont cru en elle.
(...)
F.B.: Le plus important pour vous, c'est de faire ce que vous croyez être bien ?.
D.B.: C'est le seul moyen d'être sincère. Je ne crois pas en ce
que je fais parce que cela va plaire, j'y crois par rapport à moi, parce
que je le voulais ainsi.
(...)
F.B.: Lorsque vous vous produisez sur scène, ce qui compte à vos
yeux, c'est le travail que vous accomplissez avec vos musiciens ?.
D.B.: Nous ne travaillons pas pour la salle. Je ne mettrais pas
telle ou telle chanson en avant dans le but de plaire. Je ne chante pas
devant une salle mais sur une scène. Si, ensuite, le public suit, alors
là, je suis comblé.
(...)
F.B.: Vous dites que nous ne vous reverrons pas sur scène avant...septembre
1985. Les seules fois où vous allez prochainement vous produire, ce sera
bénévolement pour Amnesty International ou l'Unicef ?.
D.B.: Je veux passer aux actes et aider ainsi ces gens qui font
des merveilles. Et si je peux leur faire gagner de l'argent, il n'y a
plus à hésiter, c'est trop important.
F.B.: Quels sont vos projets ?.
D.B.: En mai, je reprends l'école de pilotage, pour faire le rallye
de l'Atlas avec Bernard Darniche. J'en profiterai pour me perfectionner
en vue du prochain Paris-Dakar, mais, cette fois, en tant que pilote.
Et puis, en juillet, je partirai avec mes musiciens pour l'Ecosse afin
d'y enregistrer mon nouvel album. Mais, là, attention, il y aura une petite
différence. Je veux essayer de changer de style de musique, créer un environnement
musical différent, plus élaboré, éloigné du groupe classique auquel on
est habitué. Comme par exemple, les climats de musique de films. Tout
cela avec une résonance de rythmes africains à l'état pur.
F.B.: Samedi prochain, nous vous retrouvons chez Michel Drucker.
Que pensez-vous de la télévision ?.
D.B.: Pour moi, la télé, c'est du cinéma, comme le spectacle est
du théâtre. Pour que les chansons passent bien à la télé, il faudrait
les filmer, comme cela se fait en Amérique ou en Angleterre. S'il n'y
a aucun support visuel, alors, pour le chanteur, c'est de la promotion,
mais ce n'est pas un métier. Son métier, il le retrouve sur une scène,
et c'est là que le théâtre rejoint le spectacle.
(...)
F.B.: A travers vos textes, vous clamez haut et fort, avec rage
et poésie, les thèmes qui vous tiennent à coeur ?.
D.B.: A travers mon métier, j'ai le privilège de dire ce que les
gens ne peuvent pas dire. Si, dans une salle, il y en a seulement dix
qui me suivent, ces dix là me suffisent. Même si une chanson n'est ni
une symphonie, ni un poème, c'est un art qui peut faire avancer les choses.
F.B.: Vous avez le projet d'écrire un livre sur le terrorisme et
les désespérés. Pourquoi ?.
D.B.: Parce que les terroristes sont des désespérés. Le terrorisme
est chez-nous, mais tout le monde ferme les yeux, moi le premier. Regardez
l'Afghanistan. Un jour, les Afghans foutront des bombes devant les ambassades
soviétiques et, ce jour là, une jeune femme passera dans la rue... C'est
là tout le problème...
F.B.: Vous aimeriez faire du cinéma. Quel rôle auriez-vous aimé jouer ?.
D.B.: Bien que cela aurait été impossible, j'avoue que le rôle
de Malcom Mac Dowell dans "Orange mécanique" de Stanley Kubrick m'a bien
fait rêver...
F.B.: En dehors de vos multiples activités, quelle vie menez-vous
?.
D.B.: Je retrouve ma maison à Biarritz et mes amis. Nous ne parlons
jamais du métier. Nous jouons au tennis, au football et allons beaucoup
au cinéma. La sensibilité pudique des gens de Biarritz me rassure. Je
recharge mes accus, me refais une santé. Je ne pourrais jamais vivre à Paris. |