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Avant son nouvel Olympia qui débute le 10 mars 1981, Daniel Balavoine explique pour le journal "Salut" (Février 1981),
chanson par chanson, son nouvel album, "Un autre monde".
Propos recueillis par Daniel Moyne.

Daniel Moyne : Pourquoi tous ces chinois sur la pochette de ton nouvel album ?.

Daniel Balavoine : Pour moi, la Chine reste un peu un mystère. C'est le pays dont on sait le moins de choses.
Plein de gens prétendent que là-bas, il y a une espèce de philosophie établie, ce qui n'est sûrement pas tout à fait vrai d'ailleurs. L'idée de faire croire qu'en Chine c'est mieux, est séduisante mais, on n'en sait rien. C'est un peu un rêve. J'ai remarqué qu'à chaque fois qu'un chinois se faisait filmer, il souriait. On a l'impression qu'ils sont heureux.
C'est pour cela que le titre de mon album est "Un autre monde". Je suis beaucoup plus attiré par la Chine que par les Etats-Unis. J'aimerais passer quelques jours là-bas.

D. M. : Comment peut-on écrire un texte comme "Mon fils, ma bataille" sans en avoir vécu la situation ?.

D. B. : C'est ça le mérite d'auteur, on a la possibilité d'écrire des choses qui vous mettent dans la peau d'un personnage complètement différent. A la base, il y a bien sûr l'histoire du film "Kramer contre Kramer". On m'a demandé d'écrire un texte en rapport avec le film.
Le travail terminé, je n'étais pas satisfait et surtout, j'étais très complexé à l'idée d'avoir utilisé une arme démagogique. J'ai eu peur qu'on ne comprenne pas vraiment ma démarche.
A la suite de cela, j'ai testé cette chanson auprès de gens bien différents et tout le monde l'a trouvée formidable. Mais, c'est vrai, je n'aime pas tellement me servir des choses qui touchent trop à la vie.

D. M. : Quant aux neuf autres titres de cet album, raconte-moi pourquoi et comment tu les as écrits et interprétés ?.
Commençons par "10.000 mètres" ?.

D. B. : Là, c'est d'après un projet beaucoup plus ancien : j'avais envie de faire réaliser un album avec chaque page d'un journal. Entre parenthèses, j'espère qu'on ne me piquera pas l'idée. Donc, c'est une personne qui raconte un article.
Dans, "10.000 mètres", c'est un gars qui commente la course de la veille. C'est aussi une chanson sur la solitude du coureur de fond.

D. M. : "Bâteau toujours" ?.

D. B. : Comme j'ai fait des choeurs dans le disque de Michel Berger, je tenais à ce qu'il apporte quelque chose dans le mien. Donc, au début, il était question que Michel joue du piano, mais ça m'embêtait car n'importe qui peut jouer du piano.
Le problème n'était pas évident : je voulais que ça se sache et que ça soit présent. Alors, j'ai essayé de trouver une chanson qui corresponde à ça et qui soit simple. Michel et moi avons fait les arrangements à deux. J'ai réussi à convaincre Michel qu'il réalise cette chanson comme si c'était pour lui.

D. M. : "Lipstick polychrome" ?.

D. B. : Dans cette chanson, la musique prédomine. C'est Colin Swinburne, le guitariste de mon groupe qui assure le chorus de guitare.
Il y a d'ailleurs, dans cette chanson, des instruments dont on se sert rarement, comme le trombone. Lorsque je l'écoute, c'est comme s'il s'agissait de quelqu'un d'autre. C'est un moment de musique, un bol d'air. Une chanson de groupe.

D. M. : "Je ne suis pas un héros" ?.

D. B. : Cette chanson a une histoire que beaucoup connaisse puisque c'est un titre que j'avais écrit pour Hallyday. D'ailleurs, Johnny m'avait dit : "...Pourquoi tu ne la chantes pas ? ...". A l'époque, je n'y pensais pas du tout. Donc, Johnny l'a enregistrée mais, sans le mettre en cause, ce n'est pas devenu ce que je souhaitais. Je pensais vraiment que ce serait la chanson numéro un d'Hallyday cette année car personne n'avait jamais fait ça avec lui avant. Ce que j'aurais aimé, c'est réaliser la chanson avec Johnny, faire les claviers.
Enfin, j'espère que ce n'est pas terminé et qu'on retravaillera ensemble. C'est pour cela que j'ai chanté cette chanson un peu comme j'aurais aimé que Johnny la chante. Je lui dédie d'ailleurs cette chanson.

D. M. : "Détournement" ?.

D. B. : C'est mon morceau préféré. Cette première chanson de la face B est pour ainsi dire le commencement de ce que je veux faire musicalement. Cet album est une progression musicale. Sur la face A, on trouve des chansons plus près de ce que j'ai fait auparavant, alors que la face B dégénère complètement. Ca ressemble à une musique de groupe. Ce que je veux imposer, c'est la communion parfaite entre mes musiciens et moi.
"Détournement" est l'expression de tout ce que j'ai envie de dire en ce moment.

D. M. : "La vie ne m'apprend rien" ?.

D. B. : Cette chanson est l'explication de la précédente. C'est un peu difficile d'en parler. J'essaie de raconter pourquoi un mec détourne un avion. Il y a dedans certaines mises au point.

D. M. : "Allez hop !" ?.

D. B. : C'est un peu un gag. Mon frère en est le parolier. Il a pensé écrire un texte avec toutes les phrases établies qui définissent la virilité. Cette chanson veut un peu dire : on n'aime pas les femmes bêtes qui veulent que les mecs soient supermen et il y a des mecs que ça ennuie profondément et moi j'en suis un, voilà.

D. M. : "Mort d'un robot" ?.

D. B. : C'est Patrick Dulphy, mon guitariste, qui a écrit le texte, à partir d'une de mes idées : un robot qui parle, qui a des sentiments et comme il n'est qu'une machine, lorsqu'il tombe en panne, on le jette.
Un parallèle avec ce qui arrive à un homme lorsqu'il tombe amoureux et que la fille l'abandonne. C'est ce qui arrive également aux chanteurs un jour. Ils sont géniaux; le public les adore et quelques temps plus tard, on les oublie, on passe à un autre.

D. M. : "Un autre monde" ?.

D. B. : Donner une certaine suprématie à la musique instrumentale me tente beaucoup. Ce titre annonce un peu la couleur.
J'en ferai d'ailleurs de plus en plus, sur scène. Dès l'Olympia, au mois de mars, je ferais des morceaux instrumentaux. Les musiciens vont beaucoup intervenir dans mes spectacles cette année. Mon spectacle sera plus dur musicalement.

 

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