Biarritz.
Daniel ressort un poisson rouge du "sac à question" .
D.B. : Bon, alors....
Interviewer : Ca te dirait quelque chose ?.
D.B. : Un poisson. Je suis un garçon très premier degré.
Interviewer : C'est évidemment à cause de "Poisson dans la cage"...
D.B. : Ah !.
Interviewer : Sur scène tu parles de la drogue avec le public et
tes fans ont l'ai ravis d'ailleurs.
D.B. : Oui.
Interviewer : Est-ce que tu en parles facilement ?.
D.B. : De la drogue ?. J'en parle souvent pour rigoler, bien que
ce ne soit pas un sujet drôle.
Toi, tu connais la chanson. J'ai essayé de faire une chanson qui ne soit
pas thématique quelque part. C'est à dire pas une chanson où je me tiens
la tête et où je raconte ma vie et mes copains éventuels, vrais ou pas
vrais d'ailleurs.
Comme certains chanteurs qui se droguent et qui en meurent ou quoique
ce soit. Je crois que la drogue est un sujet difficile. J'ai des opinions
dessus et je ne suis pas obligé de les faire connaître. Je le fais quand
je fais mon métier.
Ce que je peux dire, comme je le dis sur scène, je crois qu'en ce qui
concerne ce qui se fume, ce n'est pas plus grave que ce qui se boit, en
général. Ca, je le pense intimement.
Voir en Espagne, où les joints sont autorisés et où ça n'a jamais tué
personne. Il faudrait d'abord arriver à mettre dans la tête des gens ou
plutôt corriger quelque chose dans la tête des gens, c'est que ce ne sont
pas les joints qui entraînent les drogues dures dont on parle. Pas plus
que l'alcool n'entraînerait les drogues dures. Ce qui entraîne les drogues
dures, c'est le malaise, ce sont les problèmes, pas forcément la faiblesse
d'ailleurs, ni la force. Simplement le malaise profond.
Dans ce cadre là, on peut aussi considérer que la drogue dure ça peut
aussi être l'alcool utilisé de manière extrêmement abusive, imbécile.
De toute façon, je pense du mal de tout ce type d'abus. Mais je pense
du bien des choses faites raisonnablement. (Sourire).
Colombes.
Interviewer : Pirouette ?.
D.B. : (Rires) ...Il paraît que je suis un spécialiste, c'est pour
ça que tu me dis ça ?. J'aime bien en faire quand ça m'arrange mais finalement
la pirouette que je fais en arrière, je vais vite la refaire en avant
et me retrouver face aux gens.
Il suffit de me pousser un petit peu dans mes retranchements pour que
je n'ai plus le temps de faire de pirouettes. Ca m'a coûté beaucoup d'ennuis,
beaucoup de déboires et beaucoup de plaisir aussi. Mais bon, ce n'est
pas plus important que ça. Biarritz.
D.B. : J'en vois beaucoup qui prétendent vouloir dire des choses
et puis qui ne les disent jamais. Mais peu importe. Ce que je sais, c'est
qu'effectivement ça leur facilite la tâche quand ils ont envie d'avoir
des scoops, des moments percutants. D'avoir des gens comme moi qui sont
des gens, je dirais francs et honnêtes, qui n'ont rien à cacher et conscients
des privilèges qu'ils ont.
Le privilège en question étant à 30 ans d'avoir droit à la parole. D'avoir
la possibilité de s'exprimer où on veut, quand on veut et peut-être pas
à ce point là mais en tout cas très souvent. J'estime qu'à mon âge, c'est
un privilège que je n'ai pas le droit de refuser parce qu'il y a trop
peu de gens qui l'ont.
Bon, maintenant est ce que je dois pour autant en profiter pour m'épancher
régulièrement ?. Je ne crois pas que ce soit ce que je fais. Ce que je
fais c'est que je parle et que je réponds aux questions que l'on me pose.
Ce que je dis toujours, si on ne veut pas mon avis sur la guerre ou sur
quoi que ce soit, il suffit de ne pas le demander, c'est très très simple.
Le concert et la chanson "Revolucion".
Colombes.
D.B. : Le temps et l'argent ne te donnent pas du génie.
En tout cas, si tu as le temps de bien faire les choses, tu peux arriver à avoir des sons beaucoup plus élaborés, beaucoup plus sophistiqués. Et
ça aussi c'est une des différences qui m'intéressent. Parce que quand
on parle de "variété" de "rock", etc., ce n'est pas grave. Les catégories
ne me gênent pas.
Ce qui me gêne c'est qu'elles portent des significations en elles-mêmes
et que, par exemple, c'est vrai que je supporte difficilement que l'on
me mette dans la même catégorie que Michel Sardou ou les gens qui sont
dans les hit-parade de la "variété française", du music-hall traditionnel
français.
Non pas que je trouve ça désagréable et que c'est honteux. Je trouve que
ces gens là font très bien leur métier. Je n'ai rien contre Sardou. Il
fait bien son boulot sinon ça ne marcherait pas. Mais ça veut dire que
que je sais que ces gens là ne font pas les disques comme nous on les
fait.
Tu parlais tout à l'heure des anglo-saxons. Ce sont ces gens là que l'on
aime et on aspire à faire ce genre de travail. Pour faire ce genre de
travail, il faut du temps.
Biarritz.
D.B. : Les gens en avance m'ennuient profondément tout comme ceux
qui sont en retard. Moi, ceux que j'aime bien ce sont les gens qui sont
à l'heure. C'est à dire qu'effectivement quand on parle beaucoup de rock'n
roll et de musique rock, je ne dis pas que je n'aime pas le rock'n roll.
J'aime le rock'n roll. J'aime bien l'entendre. Mais pour moi, c'est quelque
chose qui est vieux et je parle du rock'n roll.
La musique rock c'est autre chose. C'est quelque chose qui est basé sur
la pulsation du rock'n roll que l'on a connu...enfin moi, je n'ai pas
bien connu puisque je suis trop jeune... contrairement à ce que certains
prétendent des fois.
C'est parce que je suis trop jeune que je ne le connais pas et non pas
parce que je suis trop vieux. Je suis né après.
On fait quand même une musique qui vient d'une génération bâtit sur une
pulsation. La musique à l'heure je dis que c'est celle-là comme c'est
celle de Phil Collins, Yes ou Police parce que c'est une musique qui a
vraiment cette pulsation de musique rock qui s'est élaborée, qui s'est
enrichie par le latinisme par l'africanisme ou des choses comme ça. J'aime
bien les gens qui assument ce qu'ils aiment.
Colombes le 15 juin 1984.
D.B. : Bon, il y a encore des trucs....holà !... c'est un truc
en double.
(Il tire du sac une clé à molette et un tee-shirt du rallye Paris-Dakar).
Qu'est-ce que c'est que ça ?.
Ah !. Paris-Dakar.
Alors. Qu'est-ce qu'il y a dedans ?. Je cherche, excusez-moi.
Bon, ce n'est pas moi qui répare. Il y a des mecs qui sont là pour ça,
heureusement.
Paris-Dakar alors...qu'est-ce qu'il faut que je dise...
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