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Lionel Rotcage

 

Témoignage de Lionel Rotcage donné à Isabelle Cauchois pour l'hebdomadaire "Télé 7 Jours", début 1986, après la mort de Daniel. Lionel Rotcage était le Responsable de l'antenne française de l'association "Band Aid".
Il rencontre Daniel Balavoine en septembre 85, à Wembley, en Angleterre, lors d'un concert pour l'Ethiopie organisé par Bob Geldorf. Sont également présents, Michel Berger, France Gall, Richard Berry et Jean-Jacques Goldman, entre autres.
De cette dynamique d'équipe naît, fin 85, "Action Ecole". Lionel Rotcage est le fils de la chanteuse Régine.
Les propos de Lionel Rotcage mettent bien en évidence l'engagement humanitaire de Balavoine et laisse entrevoir des aspects plus intimes du personnage.

"...Daniel était d'une générosité incroyable...Quand je lui ai proposé de nous aider, et même de participer à un petit film, que nous avons tourné pour TF1 et Canal Plus, pour mieux nous faire connaître, il ne s'est pas contenté d'ajouter son nom à la liste. Il a aussitôt entraîné ses amis Michel Berger, France Gall, Richard Berry et, pour que ça réussisse, a travaillé comme un fou. Non seulement il en parlait à chaque interview, mais il provoquait les occasions d'en dire plus.
Alors qu'il avait un disque qui marchait très bien, une chanson "L'Aziza", qu'il devait chanter et défendre à la radio, à la télévision, qu'il avait des responsabilités familiales avec son fils Jérémy et Corinne, sa femme, qui attendait un second enfant. Son temps, il nous le donnait en priorité.
Je me souviens notamment du jour où nous avons tourné le film "Action-Ecole". Nous étions en retard. Il s'en moquait. Le reste pouvait bien attendre..."

(A propos de Wembley)

"...Nous nous sommes retrouvés à la même table. Daniel était avec Michel Berger, France Gall et Jean-Jacques Goldman. Moi, au côté de Serge Loupien, avec lequel j'avais écrit, dans "Libération", un article assez dur où nous nous interrogions sur la destination réelle des fonds collectés pour l'Ethiopie, à travers plusieurs opérations humanitaires. Ce qui m'a plu tout de suite chez Daniel, c'est son manque total d'orgueil, de fausse vanité. En discutant, nous ne nous sommes pas ménagés. Il a su passer outre. Ca doit être ça l'intelligence...la véritable intelligence.
Du coup, Daniel m'a demandé de le conseiller pour que les bénéfices du concert pour l'Ethyopie, qu'il organisait avec d'autres chanteurs français en Octobre, à la Courneuve, aillent bien aux bénéficiaires. Daniel était quelqu'un de très dynamique, de très positif aussi. Il avait l'habitude de construire, d'organiser. Quand j'avais des problèmes de négociations, il savait parfaitement comment faire pour présenter les choses différemment à nos interlocuteurs et me redonner "la pêche". Qu'il chante, qu'il écrive, qu'il fasse n'importe quoi, Daniel s'impliquait complètement. C'est très rare de rencontrer quelqu'un comme ça, et très vite, nous sommes devenus deux amis.
Nous nous sommes rencontrés de plus en plus souvent, avec Michel, France et Richard. Je me souviens d'un dîner chez Richard, justement, où Daniel jouait avec son fils Jérémie, mais aussi avec ceux de Michel et France et de Richard et Jeane (Manson). Avec lui, les gosses se marraient tout de suite. Ce qui me plaisait aussi en Daniel, c'est la complicité qui existait entre lui et sa femme Coco. Il avait plein d'attentions pour elle. Il ne décidait rien sans la regarder, sans en parler avec elle...Il avait réservé, par avance, tous les droits de la chanson "Un enfant assis attend la pluie", c'est-à-dire au moins 300 000 francs, à cette opération pour l'Afrique.
Je lui avais dit qu'il fallait que les constructeurs s'impliquent aussi dans l'opération. Il a su les convaincre. Dire que c'est moi qui lui ai conseillé de suivre jusqu'au bout l'opération en allant sur place, en Afrique, rejoindre Thierry Sabine et le Paris-Dakar. il est parti. Je n'ai même pas eu l'occasion de lui dire que nous en étions à 13 000 comités dans les écoles. J'attendais son retour, le 19 janvier, pour le lui apprendre. Il aurait été heureux de le savoir, même si, pour lui, ce qui importait, c'était ce que ça déclencherait à long terme, dans les années à venir, sur le comportement des enfants vis-à-vis des autres...".

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