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Retranscription de l'émission A fleur de coeur : Daniel Balavoine
diffusée en hommage au chanteur le 5 juillet 1986 sur Antenne 2 - Page 3

 

Retour dans la loge du spectacle.
Un assistant lui installe le boîtier de son micro H.F. dans le dos.
Il met son micro casque sur sa tête.


D.B. : Voilà, ça c'est mon casque. Sur un chantier tu dois mettre un casque...(désignant l'assistant)... C'est Alain...

Alain : Je mets bien le fil pour ne pas que ça fasse comme l'autre jour et que tu te prennes les pieds dedans
(en fait le fil est tout petit et ça fait rire Daniel).

Daniel passe sa veste de scène et ajuste le casque.

D.B. : C'est mon diadème. Et ça c'est mon habilleuse. Elle est bien roulée ?. Voilà, hop et voilà. Incroyable non ?. Bon allez... Je regarde si c'est en face... Voilà, tout est en place. Au revoir, à tout à l'heure.

Il sort pour aller sur la scène.
Enchaînement sur la scène avec "Pour la femme veuve qui s'éveille".


Colombes.

D.B. : Il y a trop de gens qui disent "...oui, c'est trop facile, avec la technique, la lumière, on peut tout faire...". Ce n'est pas vrai.
C'est que justement, si la personne qui est en avant de la scène n'a pas de force, n'a pas de personnalité, n'a pas d'impact, elle se laisse effectivement écraser par la machinerie.
Ca veut dire que là ce que je dis c'est très simple : c'est plus facile de chanter tout seul sur une scène avec un projecteur et d'affronter le public que de le faire avec tout un système technique. Parce qu'on est très vite dépassé par la technique si on ne se surveille pas.
Si je me mets au piano, demain, à un concert, tout seul... et tu as vu le concert, je fais "Lipstick Polychrome" à la guitare et ça marche du tonnerre parce que les gens aiment ces moments d'intimité.
Et c'est vrai que c'est plus facile quand on est tout seul de posséder le public. En plus il y a un phénomène de possession qui moi me déplaît justement.
Ce n'est pas le but de l'affaire. Le but de l'affaire c'est tout ce qui se passe sur scène et pas que moi. Ce n'est pas de la fausse modestie.
C'est la qu'est la force, s'il y en a une, c'est d'arriver avec tout ce monde autour, toute cette machinerie, de rester existant et de ne pas être quelqu'un de transparent.

Daniel joue de la guitare, une guitare sur laquelle son visage est peint près d'un graphisme qui rappelle la pochette de "Vendeurs de Larmes" (la cible).

D.B. : Je me suis mis à la musique tard, en fait. Je me suis mis à la musique à 16-17 ans.
Parce que justement il y avait eu à cette époque là Mai 68, la fameuse révolution avortée. Comme j'y avais été mêlé de près, en tout cas dans mon coin, j'ai été déçu en voyant arriver les soi-disant "révolutionnaires" qui venaient nous tenir finalement le même genre de discours que les hommes politiques de l'époque. Et puis finalement quand on les voyaient arriver, on entendait que des conneries. Ca m'a complètement démobilisé et j'ai eu un petit peu le dégoût de tout.
Dès que je sens une structure se resserrer autour de moi, qu'elle soit politique, religieuse, syndicale même je dirais familiale, je fuis. Je fuis en avant. Mais je fuis parce que je ne veux pas être prisonnier de quoi que ce soit. Je ne veux pas être représentant de quelque chose.

Puis se succèdent des images de Daniel sur la chanson "Sauvez l'amour".
Daniel au pensionnat de son enfance (collège Cendrillon à Dax), entouré des pensionnaires actuels à qui il signe des autographes, avec qui il pose pour une photo collective. Images des dortoirs, des portes du pensionnat. Daniel qui joue à Colombes avec son chien Raoul.

Dans un pièce située à l'arrière du pensionnat, Daniel raconte.

Daniel à l'école...

D.B. : De l'autre côté de la chapelle, où il sont entrain de sévir là encore, il y avait la cour des petits.
Alors ce que je faisais, quand j'étais en classe, j'emmerdais bien deux ou trois mecs, et puis quand ils étaient bien excités, je me barrais en courant dans la cour des grands. Je rentrais comme une fusée. J'appelais mon frangin. Je disais "Guy, Guy !!!". Et je voyais mon frère arriver...Zorro. "Qu'est ce qui se passe ?.". Je lui disais "Il font que de m'embêter". Il castagnait les petits. Ca m'a fait beaucoup rigoler. Et puis je partais après. J'étais content. Après j'étais tranquille pendant deux ou trois semaines parce que j'étais quelque part le chef. Obligé, parce que j'avais un frère grand qui s'occupait de moi. C'était vraiment dégueulasse. J'étais de toute façon un petit garçon très dégoûtant, très méchant.


Hôtel du Palais à Biarritz.

D.B. : Je me suis barré à la suite d'une punition. J'étais en classe d'étude. J'ai du faire une connerie ou je n'ai pas du en faire.
J'ai eu une punition, à ce moment là, qui était la punition la plus dure de l'école. On m'avait envoyé au "téléphone". Ca fait rire comme ça mais le "téléphone" était une toute petite pièce, vitrée, dans laquelle on t'enferme, le temps qu'il faut. On te donne des lignes à faire, à copier.
Quand les autres gosses vont se coucher le soir au dortoir, ils passent devant cette cabine et te font bonjour. Et toi tu es obligé de rester là sans dormir.
Et comme je connaissais cette punition, je suis sorti avec mon pupitre et je devais partir avec mon pupitre. Je suis sorti du collège et puis tout d'un coup, ça m'a pris comme une lubie. J'ai posé le truc dans les escaliers et puis je me suis barré. Je suis sorti par derrière. J'ai traversé un champs de blé. Je me suis retrouvé dans un camp militaire, sans faire exprès toujours.
Et là, comme j'avais mon frère au collège, tout le monde s'est mis à me chercher, paraît il.
Et je me suis paumé dans la nuit. J'ai fait un peu n'importe quoi parce que la nuit est tombée ensuite. En repassant par la route j'ai eu une vision spéciale d'un moment précis ou la voiture du supérieur de l'époque, qui s'appelait Larive, passait juste à côté de moi. Je me suis mis à quatre pattes. J'ai vu la tête de mon frère par la fenêtre. Ca m'a beaucoup marqué.
Ensuite je me suis retrouvé au bord de la voie ferrée. Je me suis dit "...je veux rentrer, je veux voir mon père...". J'ai suivi la voie ferrée mais dans le mauvais sens. Je me suis barré dans l'autre sens. Au lieu de partir vers Pau, je me suis retrouvé dans Dax. Et là il m'est arrivé quelques aventures. Je me suis retrouvé au bord de l'Adour. J'ai traversé une autre école qui était "L'école des Frères", en pleine nuit. Ils étaient entrain de faire un feu.
Et puis, finalement, il y a un gars, un grand, ce que l'on appelait un grand de l'école, qui m'a trouvé, qui était lui un externe. Il m'a dit que quand même, je devais rentrer. Alors il m'a déposé à l'école et à ce moment là, j'ai à nouveau pris peur.
Je me suis rebarré et je me suis retrouvé dans la chambre d'un pion qui s'appelait Régis Legrantéric, je me rappelle, et je me suis foutu sous le lit. Il n'était pas là puisqu'il était parti à ma recherche. Pleins de gens du collège ne savaient pas que j'étais rentré.
Je me suis foutu sous son lit. Ca paraît très romanesque mais c'est pourtant l'exacte vérité mais je crois que c'est ce jour là que j'ai décidé de faire de la musique, sans le savoir. Parce que c'est pour la première fois de ma vie, à ce moment là, que j'ai entendu les Beatles. C'était en 62-63. Et c'était "She loves you". Le transistor était resté allumé.
Et je crois que c'est comme ça que ma vie a commencée. Ensuite j'ai eu un accueil royal et pour la première fois de ma vie, j'ai eu le droit de manger au réfectoire des professeurs.

Sur scène, "Mon fils, ma bataille".

suite de l'émission (page 4)